L’autonomie énergétique : mythe ou réalité accessible ?

Aides aux travaux d'économie d'énergie

L’autonomie énergétique est devenue un objectif important pour de nombreux individus. Entre convictions écologiques, envie de faire des économies d’énergie ou d’être plus résilients, nous sommes nombreux à chercher des solutions pour devenir plus autonomes sur le plan énergétique. Cependant, le domaine de l’énergie est souvent rempli de publicités, de fausses bonnes idées ou d’approximations qui font qu’il est souvent difficile de s’y retrouver. Dans cet article, nous allons explorer ce que signifie l’autonomie énergétique sur le plan technique et voir si et comment il est concrètement possible de l’atteindre.

Comprendre l’autonomie énergétique

Afin de savoir s’il est possible (ou non) d’atteindre l’autonomie énergétique, il faut déjà comprendre de quoi il s’agit exactement. Ce concept désigne la capacité d’une région, d’une communauté, ou même d’un individu à produire et à utiliser suffisamment d’énergie pour répondre à ses besoins sans avoir recours à des sources d’énergie externes. Bien entendu, cela ne signifie pas vivre totalement sans électricité ou eau chaude…

Il s’agit surtout de minimiser, voire de supprimer, la dépendance envers les combustibles fossiles et les réseaux énergétiques traditionnels. En les remplaçant par des énergies renouvelables telles que :

  • le solaire (photovoltaïque et thermique),
  • l’éolien,
  • l’hydraulique,
  • la géothermie (avec la biomasse).

L’autonomie énergétique implique aussi souvent de revoir sa consommation et les caractéristiques de son logement afin de subvenir plus facilement à ses besoins en énergie. Équiper une passoire thermique de panneaux solaires serait par exemple complètement inutile, voire contre-productif. La consommation étant trop importante pour être compensée par cette seule source d’énergie…

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Comment atteindre l’autonomie énergétique ?

À présent que le concept d’autonomie énergétique est défini, les 2 axes pour l’atteindre sont plus clairs. Il s’agit d’une part de rationaliser sa consommation et d’autre part d’investir dans les systèmes fonctionnant à partir d’énergies renouvelables. Mais comment faire concrètement ? Voici quelques étapes à suivre si vous envisagez de devenir autonome sur le plan énergétique.

1. Réalisez un diagnostic technique initial de votre logement

La première étape pour atteindre votre objectif d’autonomie énergétique est de bien comprendre le potentiel et les obstacles liés à votre logement. À ce stade, le DPE ( Diagnostic de Performance Energétique) n’est souvent pas suffisant, car il n’est pas assez détaillé et ne prend pas en compte tous les aspects de la consommation et de l’habitat.

L’audit énergétique est plus complet et ses scénarios de travaux peuvent inclure l’installation d’équipements fonctionnant sur les énergies renouvelables avec les gains de consommation et le temps de retour sur investissement associés. Cependant, pour être certain de ne plus avoir besoin de sources externes, d’autres études sont nécessaires comme :

  • une étude bioclimatique (pour connaître l’orientation des fenêtres, leur surface, l’orientation de la maison et sa compacité),
  • les études d’ombrage (pour vérifier notamment que les panneaux solaires bénéficient d’un ensoleillement suffisant),
  • l’analyse des ressources naturelles disponibles à proximité (par exemple un droit d’eau),
  • l’étude des démarches nécessaires pour installer par exemple une éolienne (selon sa taille et sa puissance).

2. Vérifiez l’isolation de votre maison

S’assurer que son logement est correctement isolé est l’étape indispensable avant d’envisager tout projet de rénovation thermique, y compris l’ajout de source d’énergie

renouvelable.

Très concrètement, seules les habitations classées en haute efficacité énergétique (étiquette A) c’est-à-dire les maisons dites passives peuvent devenir autonomes en énergie. En dessous, les consommations risquent d’être trop importantes pour être alimentées uniquement par des sources d’énergies renouvelables.

Mais peut-on transformer une passoire thermique ou même un logement en C ou B en maison passive ? Très difficilement. Les maisons passives sont pensées et construites (par exemple dans leur orientation ou leur rapport de surface vitrée) pour consommer le moins possible.

Consultez mon article complet consacré au sujet : transformer sa maison en maison passive : 5 étapes https://conseillerindependantenergie.fr/transformer-sa-maison-en-maison-passive-5-etapes/

3. Évaluez votre consommation énergétique

Avoir une maison autonome énergétiquement signifie que vous ne pouvez pas faire appel à un fournisseur externe pour compléter votre production. Après l’isolation de la maison, la consommation d’énergie est donc l’autre critère qui va déterminer si vous pouvez devenir autonome énergétiquement.

Cette analyse vous permettra également de préparer le dimensionnement des équipements d’énergies renouvelables. Pour évaluer correctement votre consommation, pensez à inclure :

  • l’alimentation de l’ensemble de vos appareils électriques,
  • le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire (ECS),
  • l’éclairage,
  • d’éventuels équipements ou aménagements supplémentaires comme une climatisation, une piscine, une voiture électrique à recharger, etc.

Ce dimensionnement vous permettra aussi d’obtenir une première estimation du coût de votre passage à l’autoconsommation.

4. Estimez le coût du passage à l’autonomie énergétique

L’autoconsommation énergétique vous permet de consommer de l’énergie sans payer aucun abonnement ni facture. Cependant, les équipements et leur installation ont un coût qui demande un certain temps de retour sur investissement.

En ce qui concerne l’isolation préalable de votre logement, vous pourrez bénéficier de certaines aides comme MaPrimeRénov’. Ce dispositif peut aussi (selon vos revenus et la consommation initiale de votre logement), vous aider à financer des équipements pour utiliser de l’énergie renouvelable notamment des panneaux solaires thermiques ou hybrides (les panneaux solaires non reliés à un système de chauffage ne sont pas concernés par cette prime).

Alors quel coût pour être autonome en électricité ? La réponse dépend en grande partie de votre dimensionnement et donc de votre consommation initiale. Prévoyez cependant d’ajouter au coût des équipements, celui d’une (ou plusieurs) batterie indispensable pour stocker l’énergie en attendant de l’utiliser. Vous pouvez aussi inclure l’achat d’un groupe électrogène pour vous assurer plus de résilience.

Pour connaître plus précisément le coût et le temps de retour sur investissement de votre projet, vous pouvez faire appel à un diagnostiqueur ou à un conseiller qui, en plus d’analyser votre logement d’un point de vue technique, pourra également vous proposer des scénarios incluant les équipements choisis avec les gains d’énergie et les temps de retour sur investissement..

Et si votre projet n’est pas faisable ou rentable, vous pourrez encore vous orienter sur l’autoconsommation, une alternative à l’autonomie énergétique.

L’autoconsommation, une alternative à l’autonomie énergétique

L’autoconsommation d’énergie consiste à utiliser l’électricité que vous produisez localement pour répondre à vos besoins énergétiques. Cette « technique » permet donc aussi de réduire ainsi votre dépendance vis-à-vis du réseau électrique.

Les avantages de l’autoconsommation d’énergie comprennent également :

  • la réduction de la consommation « externe » d’énergie et donc des factures, 
  • la diminution de votre empreinte carbone (car les systèmes mis en place reposent aussi sur des énergies renouvelables),
  •  l’augmentation de l’indépendance énergétique et de la résilience.

Quelle différence alors entre autoconsommation et autonomie énergétique ? Dans le cadre de l’autoconsommation, vous avez généralement la possibilité de vendre l’excédent d’électricité non consommée au réseau électrique. Inversement, en cas de défaut de production, vous pouvez conserver un abonnement et une consommation chez un fournisseur externe. 

La mise en place de l’autoconsommation d’énergie peut nécessiter des investissements initiaux pour les équipements de production d’énergie, tels que les panneaux solaires, ainsi que des adaptations au niveau de l’infrastructure électrique. En revanche, elle limite le coût des batteries et permet de réduire le dimensionnement des équipements si un accès au réseau externe est conservé.

Là aussi une étude ou un diagnostic restent nécessaires afin de vous assurer d’une part que votre logement est correctement isolé et d’autre part que l’autoconsommation est une solution adaptée à votre habitation et à vos habitudes de consommation.

En tant que thermicien et conseiller indépendant en énergie, j’accompagne régulièrement mes clients dans leur rénovation thermique et/ou leur souhait de passer à l’autoconsommation ou à l’autonomie énergétique. N’hésitez pas à me contacter pour obtenir un point de vue technique et indépendant sur votre projet !